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La qualité sanitaire relève de la responsabilité des marques et des industriels. C’est un enjeu de taille, car même si l’alimentation est souvent associée au plaisir ou à la convivialité, les consommateurs souhaitent être mieux informés et avertis de ce qu’ils mangent. PepsWork a répondu à cette problématique lors des 9e rencontres du RMT Quasaprove à l’INRAe de Bordeaux.

 

Un consommateur acteur de son alimentation

Des attentes fortes sur la transparence et la qualité sanitaire

Le consommateur est devenu un “ consom’acteur ”. Les nombreux scandales alimentaires survenus ces dernières années (lasagnes à la viande de cheval, poulet à la dioxine, graines germées bio contaminées à l’E.coli) dont le dernier en date, le coronavirus, issu d’un marché alimentaire en Chine, pousse le consommateur à la méfiance, et à s’investir davantage dans la qualité de son alimentation. Cela passe par des choix éclairés et une montée en connaissance du contenu de son assiette. Le consom’acteur se renseigne désormais sur la qualité nutritionnelle en décryptant l’étiquetage, la liste des ingrédients. On parle de Clean Label. Il ne s’arrête pas à la composition de l’aliment. Sa provenance et son origine. sont devenus des critères de choix. Il étudie sa traçabilité et les éventuelles certifications ou mode de production. On parle ici de Clean Process.

Perceptions des contaminants alimentaires par les consommateurs

 

Les différents types de contaminants

Pour rappel, les contaminations de la chaîne alimentaire peuvent être de trois types :

  • microbiologiques : les champignons, les pathogènes de virus ou les bactéries 
  • chimiques : les mycotoxines (herbicides, fongicides, voire vitamines et minéraux) 
  • physiques : gravillons dans les produits agricoles, morceaux de métal ou de verre

Les pesticides et les additifs en première ligne 

Une étude menée par le CREDOC en 2016 précisait que les peurs alimentaires arrivaient en 4e position du classement des peurs, après la pollution atmosphérique et le nucléaire. Parmi ces peurs alimentaires, c’est la présence de pesticides et d’additifs qui inquiète le plus le consommateur. Cette  crainte a d’ailleurs augmenté fortement ces dernières années, en particulier celle relative au risque de présence d’antibiotiques. 

Une crise de confiance plus qu’une crise sanitaire 

Néanmoins, notre alimentation n’a jamais été aussi sûre qu’aujourd’hui : la mortalité liée à l’alimentation a fortement diminué depuis le début du XXe siècle (50 000 cas contre 100 par an de nos jours). Cela est le fruit des procédures qualité de la filière agroalimentaire, des nouvelles techniques de fabrication et des contrôles plus efficaces.  

Mais le consommateur pense qu’on ne lui dit pas tout sur la qualité de son alimentation et que l’information qu’on lui donne n’est pas fiable ou exhaustive. Par exemple, l’association Générations Futures publiait en 2019 une nouvelle édition de son rapport sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes consommés en France. La présence de résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales apparaît au tout premier rang des préoccupations en matière de risques alimentaires en Europe. En France, ces résidus font l’objet de plans de surveillance annuels réalisés par la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). Cependant, les informations fournies par ces plans de surveillance ne sont pas totalement exploitables d’après l’association. Elle estime que les consommateurs se retrouvent face à des résultats irréguliers, voire non-représentatifs de la réalité, signe d’une communication grand public négligée.

 

Comment communiquer sur la qualité sanitaire des aliments?

Quelles stratégies de communication pour les marques et les entreprises ?

PepsWork propose quatre leviers pour les entreprises qui souhaitent mieux communiquer sur la qualité sanitaire des aliments : l’anticipation, l’opportunité, la garantie, et les mots. 

Expliquer comment on anticipe les problèmes sanitaires

Premièrement, l’anticipation des problèmes est la clé afin de développer les bonnes pratiques sur toute une filière. En effet, au-delà de l’impact sanitaire, les toxi-infections ont également des conséquences sociales et économiques importantes : frais de justice, arrêt de travail … Ces conséquences peuvent être évitées grâce à un effort d’hygiène sur toute la filière agro-alimentaire. L’enjeu est de communiquer et de valoriser les actions entreprises pour prévenir ces problèmes sanitaires. Par exemple : valorisez vos dernières certifications qualité, présentez vos derniers résultats positifs à un contrôle, expliquez vos démarches entreprises avec des partenaires pour la conciliation de bonnes pratiques dans votre filière …

Saisir l’opportunité d’un risque pour innover

Deuxièmement, les acteurs agroalimentaires peuvent saisir cette opportunité pour innover de façon vertueuse en répondant aux craintes par de vraies solutions et innovations. Par exemple, le programme “SAGA – Merci les algues !” a proposé des solutions alternatives pour l’élevage des dindes. Il garantit des volailles élevées sans antibiotiques depuis l’éclosion. Seule une supplémentation naturelle à base d’algues dans leur alimentation et leur boisson, permet d’assurer leurs défenses naturelles et leur bien-être digestif. Un autre exemple, Casino commercialise une gamme de légumes surgelés garantis sans résidus de pesticides. 

Donner des garanties pour la ré-assurance

Troisièmement, donner des garanties, car elles induisent la confiance, qui elle-même entraîne l’achat, puis le ré-achat. 75% des consommateurs sont prêts à payer 10% plus cher pour un produit de meilleure qualité (CREDOC 2016). De plus, l’utilisation de labels qui rassurent sur la qualité et sont reconnus par le consommateur ne sont pas négligeables. Par exemple, à la manière du Nutri-Score pour le profil nutritionnel des produits, les parlementaires ont proposé le 4 décembre 2019 un “Toxi-Score” sur les étiquettes des denrées contenant des substances dangereuses. Affaire à suivre …

Guérir les maux par les mots

Enfin, la meilleure solution pour prévenir et guérir les maux reste les mots. Autrement dit, utiliser et maîtriser la communication B2B (entre professionnels) et B2C (avec les consommateurs). Ainsi, il est conseillé aux acteurs de la chaîne alimentaire de s’investir dans la communication informative plutôt que la communication de crise. Il faut prendre le temps de construire une relation de confiance et de proximité avec ses consommateurs, et miser sur la transparence. Il s’agit de dire ce que l’on fait, de faire ce que l’on dit, et surtout d’en apporter les preuves.

En effet, nombreux sont ceux qui s’emparent aujourd’hui de ces sujets de peurs alimentaires. Les détracteurs n’hésitent pas à faire entendre leur voix. Donc si vous ne parlez pas, ou pas de façon juste, on parlera pour vous, voire contre vous. C’est d’ailleurs le cas du monde agricole, victime d’un réel greenbashing, qui reprend petit à petit la main sur sa communication. Il y a un terrain médiatique à reconquérir, il faut reprendre la parole et donner les bonnes informations aux consommateurs.

Quels canaux de communication utiliser ?

Plusieurs outils et exemples d’initiatives de communication permettent d’améliorer la communication sur la qualité sanitaire des produits : 

  • les réseaux sociaux : notamment Facebook pour le grand public, ou Linkedin pour les professionnels. Les réseaux sociaux permettent de créer un lien de proximité. Une marque ne sera crédible et rassurante seulement si une relation existe déjà avec le consommateur
  • le blog : il permet d’apporter de l’information de qualité avec des articles. Il laisse de la place pour les preuves et l’information. Par exemple, BAYER AGRI explique sur son blog ce que sont les mycotoxines et comment il anticipe ce problème. Il ne s’agit pas de nier l’existence d’un risque, mais au contraire de valoriser comment la marque s’investit pour l’anticiper
  • les vidéos Youtube : plateforme idéale pour un film corporate, pour des interviews d’experts, pour filmer et montrer son quotidien ou un clean process. Exemple : LIDL et ses vidéos montrant la qualité sanitaire des viandes et charcuteries 
  • travailler avec des ambassadeurs qui apportent de la caution. Par exemple, les salariés d’une entreprise agroalimentaire témoigneront mieux que quiconque de leur implication à fabriquer des bons produits
  • sensibilisation par des actions de terrain et de proximité. Ainsi, l’ANIA a entrepris l’opération grand public “Découvrez ce que vous manger” avec des journées portes ouvertes pour favoriser le lien entre les industriels et les consommateurs
  • les relations publiques vers les leaders d’opinion et les prescripteurs 
  • les relations presses : un terrain médiatique à reconquérir.

 

Ainsi, les acteurs agroalimentaires doivent informer sur la qualité sanitaire des aliments. Mais pour aller plus loin, il peuvent aussi éduquer le consommateur à mieux connaître et consommer les produits au quotidien avec des conseils pratiques. D’après les résultats de l’étude INCA 3 de 2017, un certain nombre de pratiques potentiellement à risques sont en progression : augmentation de la consommation de denrées animales crues, des temps plus longs de conservation avec consommation de denrées périssables, dépassements plus fréquents de la date limite de consommation … Il ne s’agit donc pas simplement d’exposer que des faits aux consommateurs. Il faut également les accompagner pour une meilleure consommation des aliments.